Les soldats de Czerniakow
Le déroulement des faits
Powisle Czerniakowskie, appelé durant l’Insurrection de Varsovie le Haut Czerniakow ou Czerniakow West une zone d’accès restreint qui commence par le viaduc du pont Poniatowski au nord et par la rue Lazienkowska au sud, ensuite par l’escarpement de la Vistule à l’ouest jusqu’au bord de Vistule à l’est. C’était le deuxième secteur de la première circonférence de Srodmiescie du comté de Varsovie de l’Armée de l’Intérieur dans l’organisation.
Le 1er août 1944 à 17 heures, les insurgés sont partis au combat ouvert pour libérer Varsovie de l’occupation allemande. Malheureusement, durant ce combat préliminaire, les principaux bâtiments de cette zone, occupés par les Allemands, n’ont pas été conquis.
C’étaient entre autres les bâtiments de la Diète, le Musée National, le stade de WKS «Legia» (stade de l’armée polonaise) et l’avant-poste allemand à l’extrémité ouest du pont Poniatowski.
A cause de l’échec de la première attaque, une partie de la brigade de Czerniakow s’est retirée dans la nuit du 1 au 2 août dans la forêt de Kabaty et une autre partie a reculé profondément dans les positions initiales.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre dans la zone de Czerniakow, le capitaine «Kryska» - Zygmunt Netzer est arrivé avec la 24ème compagnie WOSP (service militaire de protection de l’insurrection) du bataillon «Narew» qui a pris le commandement de l’ensemble de l’armée sur ce territoire en créant le 5ème Groupement «Kryska». Il a réorganisé des forces subordonnées en créant le bataillon «Tum» et le bataillon «Tur».
Dans la nuit du 3 au 4 et du 4 au 5 septembre, en deux temps, les brigades des insurgés du groupement «Radoslaw» (de lieutenant colonel Radoslaw) ont été dirigées à Czerniakow. Ces jours-ci le groupement comptait environ 500-600 soldats, après le complément avec d’autres brigades et a été organisé en bataillon «Broda» (les ex- bataillons «Zoska» et «Parasol») ainsi que bataillon «Czata» (les ex-bataillons «Czata 49» et «Miotla»).
Le matin 16 septembre 1944, le premier bataillon du 9ème régiment d’Infanterie de la 3ème Division d’Infanterie de général Berling a traversé Czerniakow. Malgré le fait que les soldats ont traversé à la nage la Vistule pour arriver au territoire dominé par les insurgés, la traversé de nouvelles troupes n’a pas affecté sensiblement la défense polonaise de Czerniakow les nuits suivantes. Les Allemands ont reçu également des renforts et l’initiative stratégique restait entre leurs mains.
Les violents combats ont cessé le 23 septembre au matin lorsque les troupes allemandes ont définitivement occupé les deux derniers bâtiments à Czerniakow.
La plan de situation du terrain durant les combats pour Czerniakow le 16-23/09/1944
Les profils de défenseurs
Janina Blaszczak, sous-lieutenant durant les évènements décrits, était commandant de la 3ème compagnie des mortiers du 9ème régiment d’Infanterie de la 3ème Division d’Infanterie sous le nom de Romuald Traugutt.
Lieutenant colonel en retraite, Janina Wolanin est née Blaszczak le 5 octobre 1924 à Kowal en Volhynie. Elle était un des deux enfants de M et Mme Blaszczak. Son père, le légionnaire, a combattu sous le commandement de Jozef Pilsudski et après la guerre polono-bolchevique a vécu en Volhynie comme colon militaire, où il s’est engagé socialement pour les Pilsudskistes. Pour cette raison il a été battu par les milices ukrainiennes en 1939 et est mort dans des circonstances mystérieuses.
Après le déclanchement de la Seconde Guerre mondiale, Janina Blaszczak avec toute sa famille, a été expulsé vers l’Oural en février 1940. A 17 ans, elle a travaillé dur pendant les travaux d’abattage des forêts. Quand les informations sur la formation de l’Armée polonaise de général Berling sont arrivées en Sibérie en août 1943, Janina est allée à Sielce sur Oka où elle a été incorporée dans le bataillon féminin.
Au tournant de 1943 et 1944, elle a fait une formation militaire accélérée de 5 mois à l’Ecole militaire d’Infanterie à Riazan où elle a atteint le grade de sous-lieutenant. Elle a terminé major de sa promotion (elle a obtenu 3ème place sur 700 élèves) et par conséquent elle a été nommée commandant de la compagnie masculine des mortiers (la plus grande brigade commandée par une femme officier de l’Armée polonaise sur la première ligne du front pendant la Seconde Guerre mondiale).
Elle s’est engagée sur le front avec la 3ème Division d’Infanterie sous le nom de Romuald Traugutt. Elle a combattu sur la tête de pont warecko- magnuszewski et à Czerniakow durant l’Insurrection de Varsovie, où elle a été blessée le 21 septembre 1944. Une fois de plus, elle a été blessée lors de la tentative d’évacuation sur l’autre coté du fleuve. Considérée comme morte, elle a été décorée à titre posthume de l’ordre militaire Virtuti Militairi de la 5ème classe (qu’elle a reçu en personne après la guerre).
Grièvement blessée, elle a été faite prisonnière par les Allemands et transportée à l’hôpital à Skierniewice d’où elle a été secrètement sortie par les soignantes de l’Armée de l’Intérieur qui militaient dans le souterrain.
Au cours des mois suivants, elle a trouvé refuge dans une famille des cheminots à Skierniewice, où elle a été soignée et est restée jusqu’en février 1945.
Dans les années 1945/46, elle a été chargée des cours à l’Ecole d’officiers à Lodz et a dispensé des cours du maniement des armes, elle y a rencontré son futur mari Jozef Wolanin avec lequel elle s’est mariée en 1946. La même année, elle a été démobilisée. Elle a donné naissance à deux enfants. Elle a vécu à Zielona Gora à partir de 1951. Ensuite elle a travaillé comme économiste, en même temps s’engageant socialement et étant active dans le mouvement des anciens combattants.
La compagnie des mortiers et son commandant, sous-lieutenant Janina Blaszczak ont fait la traversée à Czerniakow dans la nuit du 15 au 16 septembre 1944, malheureusement seulement avec quatre mortiers, le reste du matériel a coulé lors de la traversée. La femme officier, outre commandant de la compagnie masculine, a fait grande impression parmi les insurgés.
Le premier contact avec madame sous-lieutenant est décrit par le soldat Andrzej Wolski «Jur» du bataillon «Zoska»: «Eh bien,c’est dans pas longtemps. Les fusils à mèche anti-blindés, les mitrailleuses lourdes, en vérité les vieilles Maxim, frappent les anti-chars et même beaucoup de gens. Il y avait les soldats, le commandant major, le capitaine de la patrouille de reconnaissance d’artillerie, les deux stations de radio, les opérateurs de téléphone, les gars avec les Phe-phe- shah et des munitions. Et la femme officier».
Le poste de bataille des mortiers se trouvait à la rue Solec, derrière l’Etat major du 9ème régiment d’Infanterie d’où le sous- lieutenant Blaszczak a dirigé le feu sur les positions allemandes rue Czerniakowska pendant la journée tandis que dans la nuit, elle a dirigé le feu vers les barricades côtières pour renforcer la protection de la côte et sécuriser l’évacuation des blessés. Lorsque l’attaque allemande menaçait directement l’Etat major du 9ème régiment d’Infanterie, le tir dirigé en continu par les mortiers de la 3ème compagnie freinait l’ennemi assaillant. Sur le toit du bâtiment du 41 rue Solec il y avait un point d’observation afin de diriger le feu des mortiers.
Les tentatives de débarquement de la totalité des forces de la 3ème Division d’Infanterie ont échoués par conséquent les brigades isolées du 9ème régiment d’Infanterie et des insurgés combattaient seulement pour survivre. Les mortiers qui manquaient de munitions, sont devenus inutilisables et désormais la 3ème compagnie combattait avec les mitrailleuses. Janina Blaszczak commandait la défense de la barricade.
Henryk Baczko sur les pages de son livre décrit les combats à Czerniakow:
«On ne combattait plus avec les balles mais avec les crosses et les poings. Celui qui voyait durant ces moments le sous-lieutenant Blaszczak, avec ses cheveux clairs en bataille, qui poussait ses gars à la riposte ou qui lançait des grenades, celui-ci n’oubliera jamais cette scène. Il semblerait que c’est une déesse grecque qui est descendue sur la rive de la Vistule pour défendre la bonne cause».
Blessée à deux reprises à l’effondrement de la résistance organisée sur la tête de pont et de l’échec d’évacuation à travers la Vistule sur le bord de Praga, le 23 septembre 1944, le sous-lieutenant Janina Blaszczak a été prise en captivité allemande.
Le rapport allemand du 23 septembre 1944 a indiqué: «Après l’éradication de la résistance dans la dernière maison dans le sud de Varsovie, 82 légionnaires, 57 soldats de l’Armée de l’Intérieur ont été capturés…Outre cela, 35 morts ont été comptés... Parmi les prisonniers il y a entre autre une femme polonaise qui a été formée en tant que commandant de peloton à Tarnopol».
Stanislaw Komornicki «Nalecz», durant les combats à Czerniakow, aspirant, fut commandant de peloton d’assaut dans le bataillon de l’Armée de l’Intérieur «Tum».
Général de la division en retraite, Stanislaw Komornicki est né le 26 juillet 1924 à Varsovie. Il était élève du Collège de Prince Jozef Poniatowski à Zoliborz et scout dans la 71ème équipe des scouts de Varsovie.
En 1940, il a prêté serment pour l’Union pour la lutte armée (Armée de l’intérieur plus tard) et a participé à la formation des Rangs gris (Szare Szeregi) et du bataillon Baszta. Il a effectué des tâches dans l’action Wawer. Durant l’Insurrection de Varsovie, il a commandé le peloton d’assaut du Groupement «Rog» qui combattait dans la Vieille Ville (où il a été blessé), à Powisle et à Czerniakow.
Après une tentative infructueuse pour atteindre le centre ville (Srodmiescie), il a traversé à la nage la Vistule et il s’est retrouvé blessé à l’hôpital à Praga. Incorporé dans l’Armée Polonaise, il a été le commandant d’une compagnie et d’un bataillon. Il a combattu sur les fortifications de Poméranie (Wal Pomorski), à Kolobrzeg où il a été blessé puis sur l’Oder ainsi qu’à Berlin.
Le général de la brigade en retraite, Stanislaw Komornicki à Powisle Czerniakowskie au bord de la Vistule, près de l’endroit où il l’a traversé à la nage (le 26/11/2003 photo Sz. Nowak)
Il a étudié l’histoire à l’Université de Varsovie et à l’Académie de l’Etat major général. Il a travaillé à l’Institut militaire de l’histoire. En tant que soldat de l’Armée de l’Intérieur, officier sans appartenance politique, historien et écrivain, il a été discriminé et refoulé. En 1975, il a été retiré du service professionnel militaire au grade du colonel qualifié pour son travail journalistique et éditorial au sujet de l’Armée de l’Intérieur.
En 1993, il a été nommé au poste du chancelier de l’Ordre militaire de Virtuti Militari et a été attitré le général de la brigade. Le 10 avril 2010, il est mort dans l’accident de l’avion à Smolensk. Le 15/04/2010, il a été promu au titre posthume au grade du général de la division.
Le peloton d’assaut de la 2 ème compagnie du 104 ème groupement de la Vieille ville «Rog» sous le commandement de l’aspirant «Nalecz» est passé à Czerniakow les premiers jours du mois de septembre à la trace des soldats de «Radoslaw». Les soldats ont été affectés au bataillon «Tum» du groupement «Kryska» et comme son groupe d’assaut, ont été accueillis dans le bâtiment au 4 rue Idzikowski. L’aspirant Komornicki a divisé le peloton en trois équipes. Une de ces équipes a été commandée par lui, une autre par le caporal aspirant Henryk Dolegowski «Haczyk» et la troisième par le tireur supérieur Stanislaw Suski «Tarzan».
Après quelques jours de repos, au début de la deuxième décennie de septembre, en conséquence du mouvement du front de Vistule, les Allemands ont intensifié la pression sur Czerniakow, en attaquant des trois côtés. Le groupe d’assaut de l’aspirant «Nalecz» a participé dans le repoussement des attaques de l’ennemi du côté de la rue Lazienkowska et rue Ludna. Ensuite, il a défendu des maisons à la rue Zagorna avec des autres groupes tactiques de l’Armée de l’Intérieur, de l’Armée populaire et de Slowakow. Parmi tout le peloton, il restait seulement 13 soldats.
Ensuite le peloton défendait une maison au 4 rue Idzikowski contre les Allemands attaquant des deux côtés : l’infanterie et les chars du côté de la rue Zagorna et l’infanterie de l’ouest par la cour arrière de la maison au 5/7 rue Idzikowski. Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1944 sous-ordre du major «Bicz» l’aspirant Komornicki avec deux insurgés ont traversé la Vistule dans le but de perdre le contact avec l’Armée polonaise qui y séjournait.
Stanislaw Komornicki «Nalecz» se souvient: «L’eau montait. Le kayak a été inondé, il a fallu l’abandonner. En marchant dans l’eau, heureusement, pas très profonde avec Jurek, nous avons porté un blessé, qui à chaque instant devenait plus lourd et plus inerte. Les balles bourdonnaient encore, mais elles ont cessées d’être si envahissantes. Les Allemands se défoulaient désormais sur notre kayak qui coulait en aval du fleuve pendant que nous étions déjà sur la rive. D’un coup nous avons entendu une voix : Arrête-toi! C’est qui? Nous sommes des vôtres, les insurgés - j’ai répondu, mais mon cœur a battu plus vite. C’étaient cependant les Polonais».
Sur l’autre rive, les soldats de l’Armée de l’Intérieur ont été amenés au commandement du 9 ème régiment d’Infanterie et ont été interrogés par le major Mierzwinski. Ils devaient lui décrire précisément la situation avec tous les détails connus et lui montrer sur le plan de Varsovie. Ensuite avec le largage avec lequel a atteri le chef d’état major, major Latyszonek, ils sont retournés à la tête de pont.
Stanislaw Komornicki se rappelle des préparations pour la traversée: «Dehors la nuit tombait. Les mouvements sur la rive ont augmenté. On pouvait entendre le craquement des charrettes chargées allant jusqu’au départ des rues Walecznych et Zwyciezcow, le trépignement sur le pavé en béton, le bruit du roulement des cannons de l’infanterie. On chuchotait. Nous dépassions vite les groupes des soldats agités. Sur l’autre côté de la fortification, des broussailles qui poussaient sur une vaste plage, les démineurs sortaient des barques et des bateaux pneumatiques, en les déplaçant rapidement vers le fleuve. Ici et là, nous rencontrions des civils. C’était des sabliers de Vistule - des vieux plaisanciers qui ont fait couler leurs barques au bord de la rive et maintenant ils les sortaient et les préparaient pour la traversée».
Après le retour et le rapport de la présence chez major «Bicz», aspirant «Nalecz» a été dirigé par le capitaine «Motyl», avec le groupe des soldats de la 2ème compagnie sous le commandement de lieutenant Dolinski, à la maison au 4 rue Idzikowski, à son peloton originel. Les insurgés qui défendaient cette maison, ont été renforcés par le peloton d’Infanterie avec deux mitrailleuses légères et deux fusils antichars avec le support.
Le commandement sur l’ensemble du groupe a pris en charge l’aspirant Dolinski, mais à sa demande à côté de chaque commandant du peloton, il y avait un insurgé qui devait l’orienter dans la situation et dans la zone. Il devait aussi partager son expérience du combat dans la ville de laquelle les soldats connaissaient peu de choses. Durant la nuit, la maison a été transformée en une véritable forteresse, les fenêtres ont été barricadées avec des briques, ils y ont fait des canonnières. De même, la barricade proche à Solec a été renforcée et étendue.
La forteresse au 4 rue Idzikowski a été entourée de côté de la rue Zagorna et de l’autre côté de la rue Idzikowski, où il y avait les Allemands. Mais aussi, dans l’usine d’outremer. Des ruines calcinées à la rue Solec, le feu a été dirigé avec les mitrailleuses. Les insurgés et les soldats, coupés, étaient au bout de leur endurance. Le doute et l’incrédulité de la poursuite du combat ont vu le jour.
Le général de la brigade en retraite StanislawKomornicki au 4 rue Idzikowski (le 26/11/2003 photo Sz. Nowak)
«Nalecz» rapporte: «Dans la salle de bain il y a «Zyrafa». Il ne nous voit pas. Nous sommes dans un couloir obscur et nous suivons chaque mouvement avec terreur. Il a sorti de la baignoire un cadavre avec une tête massacrée par une balle et il lui enlève sa veste. Il a quelques difficultés car le cadavre a raidit depuis bien longtemps. «Zyrafa» s’approche vers la fenêtre et regarde la veste à carreaux en bure épaisse. Elle est en sang et une masse blanchâtre du cerveau est fixée sur le col. «Zyrafa» enlève la veste kaki avec un brassard des insurgés à l’aide duquel il essaie d’effacer le cerveau de la veste. Son visage exprime de l’écœurement, ses mouvements montrent le doute. Il réfléchit. Enfin, il couvre le cadavre avec la veste et attrape sa veste kaki. Les appels allemands viennent de la rue. Il est temps de prendre la position du feu. Nous ne pouvons cependant pas bouger. «Zyrafa» a figé un instant. Il écoute. Enfin, il attrape la veste avec la détermination et il la met sur lui. Il ne regarde plus le cadavre nu, il se jette à la porte et tombe sur nous. Nous restons immobiles. Nous nous taisons. «Zyrafa» nous regarde avec de yeux ronds, congestionnés qui sortent de ses orbites. D’un coup il se met sur les genoux et fond en sanglots hystériques».
Dans la nuit, les groupes de soldats réussissent à percer Solec. Le groupe d’aspirant «Nalecz» y défend la dernière barricade des insurgés à la rue Solec dans le voisinage direct du bâtiment au 1 rue Wilanowska où commandaient le capitaine «Jerzy» et le major Latyszonek.
Général Stanislaw Komornicki «Nalecz» fait un discours à l’occasion du dévoilement du rocher commémoratif au rond-point Radoslaw le 10 août 2004.
Le dernier espoir des combattants est l’assurance, via radio qui vient de l’autre rive, de l’évacuation sur l’autre bord de la Vistule.
«De l’escarpement côtier peuvent être vu à la lueur des lumières, les bateaux effilés de l’autre rive. Mais après un moment de la surface de l’eau brille une lumière blanche des fusées allemandes. L’air se remplit de bruit des fusils de Saska Kepa. On entend le grésillement des mitrailleuses. Sur la Vistule, les stries de munitions lumineuses se croisent. Les projectiles des mortiers allemands éclatent sèchement en envolant des fontaines d’eau. A la lumière des projecteurs allemands dont la lumière vive se déplace sur l’eau, on peut apercevoir la lutte désespérée des soldats tentant de surmonter le courant. Presque chaque bateau est illuminé. Les mitrailleuses et les canons y tapent. On entend le cri strident des blessés. Les bateaux cassés coulent dans un vide noir. Ici et là, on voit encore les seules têtes des naufragés. Un seul bateau arrive sur notre rive, il est troué comme un passoire, sous le poids des gens il coule juste au bord».
Après une tentative échouée de passage à Srodmiescie, l’aspirant S. Komornicki a traversé la Vistule à la nage.
Maria Stypulkowska-Chojecka "Kama", caporal aspirant, soignante dans l’Insurrection de Varsovie, bataillon de l’Armée de l’Intérieur «Parasol», capitaine actuellement.
Maria Stypulkowska-Chojecka est née le 24/09/1926 à Varsovie. Depuis 1937 dans l’Association du Scoutisme polonais qui durant l’occupation portait le nom des Rangs gris (Szare Szeregi). Depuis août 1943 dans le bataillon «Agat-Pegaz-Parasol». Elle a participé dans les actions du Petit sabotage et ensuite dans les actions de la lutte du bataillon, entre autre: Weffels, Fruwirth (Klein), Braun, Kutchera, Stamm, Hahn, Koppe (Cracovie), elle a participé dans des formations. Elle est diplômée de l’Ecole des cadets «Agricola» et a participé dans l’Insurrection dans le bataillon «Parasol». Le sentier de la guerre: Wola, la Vieille ville, Czerniakow, Mokotow, Srodmiescie.
Après l’arrivée à Powisle Czeniakowskie, les soldats du bataillon «Parasol» ont été dirigés vers la rue Zagorna. Là-bas, ils ont enfin pu se laver et se reposer. Ensuite, ils ont été dirigés vers les environs des rues: Ludna, Okreg et Wilanowska. «Kama» se souvient des violents combats dans la rue Ludna et le moment de l’explosion du pont Poniatowski. Ensuite «Parasol» a combattu dans la zone de l’usine à gaz où le groupe a été presque coupé des Allemands. De là, «Kama» avec ses collègues se sont échappés sur le côté impair de la rue Ludna. Sous la pression allemande, les insurgés ont été obligés de quitter cette position.
Maria Stypulkowska-Chojecka se souvient: «Je sais que dans la cave de la maison que nous avons quitté, il y avait Irena Szirtladze, qui m’a supplié de la tuer - qui parmi nous pouvait le faire ? - elle m’a demandé, si j’étais survivante, de dire à sa famille, ce qu’elle faisait (...) Nous, nous avons réussi. Les Allenmands tuaient les blessés d’un coup. Ce n’était pas trop doux pour nous, c’était plutôt amer, sachant, ce qui pouvait arriver aux blessés.»
A côté de la barricade dans la rue Okrag, Maria Stypulkowska-Chojecka a vu pour la première fois un soldat polonais en uniforme, avec un aigle bizarre sur la casquette. Tout le monde était ravi et comptait sur plus d’aide de l’Armée de l’autre rive de la Vistule. En ce moment, Czerniakow a commencé à recevoir le largage des armes, munitions et de l’alimentation des Russes.
«Kama» rapporte: «On nous larguait des biscottes, des swinnoja tuszonunka, des armes et des munitions. Seulement si les biscuits du pain noir était bons à manger après le tempage, la swinnaja tuszonka était de la graisse, on pouvait éventuellement la manger aussi, les armes ne servait à rien, elles étaient tordues et les munitions (le calibre) n’allaient pas dans nos pistolets. L’effort a été inutile. Nous avons pu évaluer seulement de la bonne volonté et rien d’autre.»
«Kama» se souvient aussi du survol des «Forteresses volantes» américains au-dessus de Varsovie et le largage: «Pour rendre les choses encore plus tristes, la plupart de ce largage est tombée dans les mains des Allemands et nous n’avons pas attendu longtemps pour constater que le feu tiré provient des lance-grenades anglais car le nombre d’ailerons a été plus élevé que celui des allemands. Les Allemands ont utilisé ce largage contre nous. (...) Je me souviens des mélodies légionnaires diffusés de l’autre côté de la rive- à l’aide des porte-voix. Nous étions au bout des forces et soudain il y avait des mélodies militaires polonaises- l’homme ne sent pas qu’il a faim, qu’il est fatiguée, il a seulement de l’espoir que ceux-là vont venir».
Outre l’espoir et la joie de l’arrivée des soldats de la 3ème Division de l’Infanterie, les insurgés ont constaté le manque de préparation des hommes de Berling (berlingowcy) lors des combats en ville. «Nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi les hommes de Berling en ayant des mitrailleuses ne les installent pas. Nous avions besoin de ces armes».
Les restes du bataillon «Parasol» ont été dirigés à la défense vers la Vistule.
Maria Stypulkowska-Chojecka se souvient: «J’ai reçu l’ordre de trouver dans les caves les hommes de «Parasol» et de leur dire que nous allions combattre pour la tête de pont, pour cette parcelle de terre afin que les hommes de Berling puissent y atterrir. Moi, j’y croyais. J’y suis allée et j’ai reçu les réponses de beaucoup de personnes (pour la plupart des blessés) qu’ils n’avaient plus de force de combattre, qu’ils n’irons pas, si les hommes de Berling atterrissent, ils viendront là. Il y avait des réponses différentes. Quelques-uns ont décidé de venir avec nous. Dans le bâtiment à Solec à côté de la Vistule, nous avons attendu probablement deux nuits».
Dans la nuit du 19 au 20 septembre 1944, «Kama» avec le groupe des soldats de «Parasol» est allée à Mokotow par les voies souterraines.
Maria Stypulkowska-Chojecka «Kama»
«Nous avons entendu que nous devions sortir du bâtiment. C’était la nuit. Je suis sortie avec l’intime conviction que nous allons sur la rive et là nous allons attendre ceux qui vont atterrir. J’étais très surprise que nous allions dans les égouts. Nous sortons dans la rue, ils tirent d’un côté du pont, de la colline de la Diète et de l’autre côté de Praga. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Ce coup de sifflet, des explosions, de temps en temps, la Vistule éclairée, la rive, on lançait des projectiles, on tirait des rafales de lumière. Et en plus Varsovie brûlait. Je poussais ma collègue - je voulais entrer dans l’égout. «Zojda» a dit: «Kama»! Je l’ai regardé et j’ai compris ce que j’ai fait. Je ne suis pas entrée c’est-à-dire je suis entrée mais pas tout de suite. On peut maîtriser cette peur animale. Nous sommes allées à Mokotow. Là, nous avons été impliqués au combat. C’étaient les derniers moments de Mokotow. «Radoslaw» - le commandant du groupement - a pris la décision du retrait à Srodmiescie - par les égouts. Après 18 heures, nous sommes sortis dans la rue Wilcza à côté d’avenue Ujazdowskie. Bientôt, il y avait la capitulation de l’insurrection».
Zbigniew Scibor-Rylski «Motyl», lieutenant, capitaine, le commandant de la compagnie dans le bataillon de l’Armé de l’intérieur «Czata 49».
Le général de la brigade en retraite, Zbigniew Dyonizy Scibor-Rylski né le 10/03/1917 à Browki près de Kiev. En 1920, durant la Révolution en Russie, il est parti avec ses parents en Pologne. Après le bac, il a rejoint l’Ecole des cadets de l’Aviation du Groupe technique à Varsovie de laquelle il a terminé major de promotion en 1939. Il a été affecté au 1er régiment de l’aviation à Varsovie.
Au sein du régiment, il a commencé la lutte défensive contre les Allemands. Dans la deuxième moitié de septembre 1939, il a atteint un groupe indépendant «Polesie» dirigé par général Kleberg et il a été affecté au bataillon «Olek», où il a combattu jusqu’au 6/10/1939. Après la capitulation, il a été capturé et pris au Stalag à Stargard. Le 1/07/1940 avec un groupe de 30 collègues, il a fuit du camp et après de nombreuses aventures il est arrivé à Varsovie où il a repris les contacts de conspiration.
Il a été admis dans la cellule qui organisait la réception des futurs largages aériens. Il recevait personnellement les largages dans le district de Lowicz et Wyszkow. Le 5/06/1944, il a été envoyé à Kowal, pour réceptionner les largages. Après la fusion de la 27 ème Division de l’Armée de l’Intérieur de Volhynie en janvier 1944, il a été promu au grade de lieutenant et a reçu le commandement de la compagnie dans le bataillon « Sokol» du lieutenant Fijalka. Le 15 juillet, il a été appelé à Varsovie.
Durant l’insurrection, il a été le comandant de la compagnie dans le bataillon «Czata 49». Il a passé l’ensemble du sentier de la guerre dans le groupement «Radoslaw». Le 17/08/1944, il a été promu au grade de capitaine. Il a été commandant d’une tentative de percée de la Vieille Ville à Srodmiescie. Un raid du groupe d’assaut très osé dans ses plans qui devait débarquer via égouts par une trappe à la place Bonkowy occupée par les Allemands.
Dans la nuit du 30 août, le groupe d’assaut extrait du «Czata» comptant environ 95 personnes sous le commandement du capitaine «Motyl» et du capitaine «Piotr» s’est mis en marche par les égouts, afin de débarquer sur la place Bankowy. Il s’agissait d’une action visant mettre en œuvre une diversion dans les arrières allemandes et détourner l’attention de l’attaque principale de la Vieille Ville. Cette expédition n’a pas apporté les résultats escomptés car un petit groupe d’insurgés a été repéré trop tôt. On a tiré sur les insurgés, il y a eu plusieurs morts et blessés. Le reste du groupe avec capitaine «Motyl» ne réussissant pas à sortir à la place, a décidé d’aller par les égouts à Srodmiescie.
Le général Scibor-Rylski a été le commandant adjoint à la tête du pont czerniakowski, du bataillon «Czata» du major «Witold». Le 17 septembre le capitaine «Motyl» a reçu le débarquement des soldats du bataillon de la 1ère Armée polonaise du général Berling.
Dans la nuit du 19 au 20 septembre, blessé, il a dû traverser les égouts à Mokotow avec le colonel «Radoslaw» et quelques jours après à Srodmiescie. Après la capitulation de l’Insurrection, il est sorti blessé avec colonel «Radoslaw» à Milanowek , d’où il a mené la lutte de conspiration jusqu’à la libération.
Il est membre du Comité de la construction d’un monument de l’Insurrection de Varsovie. Il est organisateur du Centre «Czata 49» et de l’Association des Insurgés de Varsovie. Il était le président de l’association durant trois mandats. Il est membre du Conseil des Anciens Combattants au bureau du conseil pour les anciens combattants et victimes de l’oppression.
Colonel Zbigniew Scibor-Rylski «Motyl» (quatrième de gauche) lors de la cérémonie du dévoilement du rocher commémoratif au rond point «Radoslaw» le 10/08/2010.
A Czerniakow le capitaine «Motyl» a commandé la 2ème compagnie du bataillon «Czata» qui a pris la position dans la rue Ludna et les postes de l’usine à gaz municipale. Zbigniew Scibor-Rylski a réceptionné le débarquement des soldats du bataillon du lieutenant Koronkow après sa mort, il a commandé les soldats du 1er bataillon. C’était un événement inouï car l’officier de l’Armée de l’Intérieur polonaise commandait le bataillon des hommes de Berling.
Le soldat de la 3ème Division de l’Infanterie, Tadeusz Targonski se souvient: «Dans cette situation le commandant du 1er bataillon des hommes de Berling est le capitaine de l’Armée de l’Intérieur «Motyl» - Zbigniew Scibor-Rylski, un beau brun avec un très jolie regard. Sur son coupe-vent clair et désormais légèrement souillé, on pouvait y apercevoir les rubans décoratifs de l’Ordre militaire de Virtuti Militari et de la Croix de la Vaillance pour l’Insurrection... Cette subordination opérationnelle des sous-unités du front de l’Armée polonaise était le seul événement de ce genre dans notre histoire».
Dans la nuit du 19 au 20 septembre le capitaine «Motyl» avec le groupe de «Radoslaw» a traversé les égouts pour atteindre Mokotow.
Tadeusz Targonski, caporal, le soldat du 3ème bataillon du 9 ème régiment d’Infanterie de la 3ème Division d’Infanterie sous le nom de Romuald Traugutt.
Lieutenant-colonel en retraite, Tadeusz Tragonski né le 30/10/1926 à Glebokie dans une petite ville dans le district de Vilnius, dans la famille d’un technicien de la centrale électrique municipale. Après le déclanchement de la Seconde Guerre mondiale, il est diplômé de l’école élémentaire et a réussi l’examen d’entrée d’une école secondaire locale. Il a travaillé dans le groupe des scouts et ensuite dans la cohorte de l’Association polonaise des Scouts- la bannière des scouts de Vilnius. Pendant l’occupation soviétique dans les années 1939/41, il était toujours élève d’une école russe en terminant 5ème et 6ème classe.
Au moment de l’occupation allemande, à partir de septembre 1941, durant son séjour à la frontière de la Lituanie et Lettonie, il fut engagé dans une section organisée d’une manière spontanée contre les occupants soviéto-allemands. Au début de 1944, cette section a été formée en 24ème Brigade des partisantes de Drysviaty de l’Armée d’Intérieur. A la fin du mois d’août 1943 durant l’opération de combat de la gare à Nowy Pohost, il a été blessé à la jambe par les éclats d’une grenade.
A partir du moment de la réentrée des troupes soviétiques dans la région de Vilnius, il a été expulsé vers Vologda et ensuite vers Arkhangelsk. Incorporé de force dans l’Armée rouge, il a combattu entre autres dans les rangs du 1178 régiment (350ème Division d’Infanterie) sur le chemin de Kiev, par les terres du sud de la Pologne, jusqu’en tête de pont sandomirsko- baranowski sur la Vistule. A la fin d’août 1944, gradé caporal, il a été dirigé dans l’Armée polonaise.
Dans la composition du 9ème régiment de la 3ème Division d’Infanterie, il a participé dans les combats de la tête de pont warcko-manguszewski durant l’Insurrection de Varsovie, la reconquête de Kolobrzeg et l’opération de Berlin- en terminant par les approches de l’Elbe. Il termine la guerre en grade de sous-lieutenant.
Il est parti en réserve en 1983. Dans son long service militaire, il a travaille entre autres dans l’état-major de l’Armée polonaise, dont 20 ans en tant que chef des services opérationnels intégrés dans les forces armées. Durant le service militaire il a terminé: l’Ecole d’officiers d’artillerie, l’Ecole civile d’officiers de feu, la faculté d’exploitation à l’Académie d’Etat-major de l’Armée polonaise, une formation pour la défense contre les armes nucléaires à l’Académie technique militaire et les études de troisième cycle sur la défense stratégico–opérationnelle des hostilités à l’Académie d’Etat-major général.
Après être passé en réserve, dans les années 1983-89, il a travaillé dans l’entreprise du commerce international «Polimex-Cekop» SARL à Varsovie, en tant que conseiller du directeur des affaires spéciales et de la protection civile. En parallèle, à partir de 1970, il s’engage dans la gestion de différentes organisations des Anciens combattants et surtout le Club polonais des Anciens combattants de la 3ème Division d’Infanterie de Poméranie sous nom de Romuald Traugutt. Depuis 1989, il y préside.
Sous-lieutenant Tadeusz Targonski (mai 1945)
Tadeusz Targonski était soldat du 3ème peloton de la 9ème compagnie du 3ème bataillon.
A cet égard, il avait déjà une expérience du front des combats dans les rangs de l’Armée soviétique, le commandant de la 9ème compagnie- lieutenant Staniewicz l’a réservé en tant qu’écrivain et agent de liaison avec le commandement du bataillon. Il a exercé cette fonction durant les combats à Czerniakow. Le 16 septembre 1944 dans la nuit après le 21 heures il a franchi la tête de pont dans le premier largage du 3ème bataillon du 9ème régiment d’Infanterie dans la dite «vague de front».
Tadeusz Targonski rapporte: «Les mains tendues avec l’élan, nous faisons le signe de croix dévotement comme jamais auparavant dans la vie (...) L’impatient signal des commandants et nous partons lentement. Au dernier moment, les uns et les autres, les personnes plus âgées en particulier, crachent dans la poignée comme avant un boulot – partiis ! (...) Nous nous plions sous le poids monstrueux du bateau chargé. Je cours avec le premier binôme. Les planches maudites douloureusement creusent dans les bras. Plus vite, plus vite ! Les officiers hâtent. Et comme par malheur, les jambes s’emmêlent de faiblesse. Juste devant la rive quelqu’un trébuche et nous tombons tous dans le sable avec le bateau. Nous bloquons le chemin aux autres. Le capitaine Olechnowicz empile les injures dans toutes les langues qu’il connaissait. Notre bateau, trop surchargé, commence dangereusement à prendre de l’eau, même si nous l’avons soigneusement étanché. Une partie des soldats rame follement et l’autre écope. Au début, à chaque explosion proche, on voudrait se cacher quelque part sous l’eau et puis une sorte d’engourdissement envahit l’homme- et en avant, au plus tôt sur la rive...»
Et ensuite: «Les mitrailleuses tirant sans arrêt de la zone du pont et ont fait une horrible impression. Chacun d’entre nous a littéralement été paralysé par les éclairs et le sifflement des balles. Nous naviguions longtemps, le bateau tournicotait sur le courant principal. Au bord, nous avons commencé à descendre dans l’eau qui nous arrivait jusqu’à la taille afin de se cacher au plus vite quelque part. Les insurgés nous ont donné un grand coup de main. Ils étaient beaucoup plus imperturbables que nous».
La 9ème compagnie a pris la position dans la rue Idzikowski et dans la zone d’usine de fil et d’usine de produits chimiques. Le caporal Targonski a eu pour tâche de maintenir la liaison avec le commandant du 3ème bataillon le capitaine Olechowicz. La position du commandement de ce dernier, se trouvait au 39 rue Solec. Après l’arrivée du commandant d’Etat-major du 9ème régiment d’Infanterie du major Latyszonek, qui a repris le commandement de l’ensemble des forces du 9ème régiment d’Infanterie à Powisle Czerniakowskie, la liaison a dû être maintenue avec lui via le caporal Targonski. Les rapports apportés par l’agent de liaison, étaient souvent oraux et de temps en temps écrits sur des feuilles.
Durant les recherches du destinataire, il rejoignait souvent des combats, non seulement dans sa propre compagnie, mais également dans les sous-unités où il se trouvait: «A travers les détonations des explosifs, à un moment donné, j’entends clairement un grondement croissant des chenils et quelques cris rauques et avides des Allemands mais aussi des Ukrainiens se soulevant avec eux à l’attaque. Quelque part de la rue Czerniakowska, des chars se dirigent vers nous, toute suite derrière les fascistes glissent avec les manches retroussées des uniformes et crachent des balles de leurs mitrailleuses en rafales de tir courtes mais rapides. Comme les aboiement allemands «vorwarts»- en avant se mêlent avec les horribles et traînants cris des Ukrainiens «La mort aux Polonais – l’égorgement» inspire de l’horreur. Ils visent très soigneusement de leurs peh-peh-shahs et de tout près je tire une série de 2-3 missiles au milieu d’uneoffensive et dense tiraillerie de sbires. D’un coup, quelques uns s’écroulent d’une manière pas naturelle et deviennent inertes. Bien que ça soit une attaque successive, on est en quelque sorte mal à l’aise».
Dans les combats du 3ème bataillon, il arrivait souvent de coopérer dans la lutte avec les insurgés des sous-unités du bataillon «Czata49». Durant la lutte pour chaque hall et salle sur le site de l’usine d’outremer, la 9ème compagnie cesse presque d’exister. La zone de la tête de pont rétrécit rapidement, l’aide de l’autre rive de Vistule ne vient pas. Nous manquons de munitions et de vivres.
L’opération de l’autre rive, conçu pour soulager et aider les combattants à Czerniakow - se termine en défaite. Il s’agit de l’atterrissage du 8ème régiment d’infanterie entre les ponts et le 7ème régiment d’infanterie au sud de la tête de pont czerniakowski dans la zone de la péninsule czerniakowski.
Le colonel qualifié en retraite Tadeusz Targonski , dans le fond l’étendard de la 3ème Division d’Infanterie, au siège du Club polonais des Anciens combattants de la 3ème Division d’Infanterie de Poméranie sous le nom de Romuald Traugutt à Varsovie (le 26/03/2004, photo Sz. Nowak)
Dans la nuit du 19 au 20 septembre, une partie considérable des insurgés se retire par les égouts à Mokotow. Le commandant du 3ème bataillon, capitaine Olechnowicz blessé, a été évacué sur la rive droite le 21 septembre. Le même jour, durant la défense de la maison au 9 rue Idzikowski, le lieutenant Staniewicz commandant de la 3ème compagnie meurt. Une partie des soldats sont capturés. Une foule des femmes civiles suit le major Latyszonek en demandant le retrait des troupes au-delà de la Vistule ou la soumission aux Allemands qui lançaient les tractes de capitulation de leurs avions.
La maison du 1 rue Wilanowska brûle. Les compagnies ou les bataillons ne combattent plus, à l’inverse des groupements tactiques isolés de soldats et des insurgés. En même temps, les munitions s’épuisent. Pour cette raison, une évacuation spontanée et vivace à la nage de soldats se produit, blessés et complétement épuisés sur la rive de Praga.
Tadeusz Targonski se souvient: «Notre épopée sanglante se termine. Nous nous rendons bien compte que personne ne nous aidera. Devant nous, tout Czerniakow en flammes et juste derrière l’horrible Vistule. Si possible, nous chargeons soigneusement dans les bateaux les soldats les plus gravement blessés et comme d’habitude un peu de femmes et d’enfants. Je vérifie - j’ai seulement 15 balles dans ma peh-peh-shah - c’est beaucoup et en même temps rien. Quand soudainement, j’ai entendu un bruit sourd de la serrure, je savais que c’est la fin de mon combat. J’ai furtivement regardé à gauche, à droite afin que personne ne voit ma faiblesse- je l’ai embrassé et ensuite je l’ai soigneusement cachée dans les décombres côtiers, délabrée et battue comme moi-même, ma fidèle compagne des combats. Quand pour la dernière fois, je me suis retourné pour regarder Czerniakow ardent- mes larmes coulaient toutes seules comme les petits poids sur les joues. Peut-être à cause de la fumée s’insinuant partout ou peut-être à cause des pensées qui passaient - toutes nos victimes et cet énorme sacrifice sont allés en vain. Ensuite, j’ai rapidement enlevé mon uniforme en lambeaux et les chaussures- depuis longtemps je n’avais plus de sous-vêtements car ils ont été utilisés pour les bandages. Seulement en pantalon, je plongeais dans l’eau affreusement glacée (...) à chaque explosion je m’étouffais avec de l’eau et je sombrais dans la profondeur. En retrouvant les dernières forces, j’ai désespéramment nagé jusqu’à la rive salvatrice de Praga – chez nous, car j’avais une envie terrible de vivre».
Tadeusz Targonskia traversé à la nage la Vistule le 22 septembre 1944 avec les collègues de son groupement tactique (il n’y avait plus de compagnie, ni même de pelotons, ni équipes) à la tombée de la nuit. C’est à cette heure-ci qu’il fait le plus sombre, le ciel s’éclaircit plus tard et on voit tout ce qui se passe dans l’eau. Il a été blessé par une bombe de mortier sur la rive droite.
Czeslaw Zaborowski «Cesiek», «Lalka», «Zabor», tireur supérieur, caporal, soldat du bataillon d’Armée polonaise «Miotla»
Lieutenant-colonel en retraite,Czeslaw Zaborowski est né le 29 février 1928. Sa spécialité professionnelle est l’électronique automobile. Quand l’insurrection a éclaté, il a été élève dans l’Ecole Technique Michal Konarski. Durant l’occupation, en tant que scout il travaillait dans la conspiration.
Pendant l’Insurrection de Varsovie, il a traversé le sentier de la guerre du bataillon d’Armée polonaise «Miotla» par Wola, la Vieille ville et Czerniakow. Comme l’un des derniers défenseurs, il a défendu jusqu’au 28/08/1944 le bâtiment de la manufacture d’état des valeurs mobilières, connue comme le bastion de la Vieille ville.
Après les combats durs à Czerniakow où il a été blessé, le 2 octobre,il a été capturé par les Allemands sur le bateau «Bajka» à moitié coulé. Il a été envoyé à la prison de la rue Sokolowska, il s’y est échappé, afin de joindre les partisans dans la forêt de Bolimow.
En automne 1945, il est allé dans l’Armée polonaise réincarnée. Il est rentré de la guerre au grade de caporal. En 1946, il a été accusé de «tentative de coup d’Etat», mais après 6 mois de prison, il y est sorti sans procès.
Il a travaillé dans la construction de la route (W-Z). En février 1950, il a été incorporé pour deux ans dans le 5ème bataillon du travail dans une mine de charbon.
Ensuite pendant de nombreuses années, il a été à la tête du département d’intervention à l’Union des combattants pour la liberté et la démocratie (chaque année il examinait entre 32 000 et 34 000 cas concernant les anciens combattants). Ensuite il a travaillé au service pour les anciens combattants dans le département des cadres au Ministère de la Défense.
Il a consacré beaucoup d’énergie pour construire une mémoire des insurgés de Varsovie. Il a participé activement à la reconstruction des chambrées du bataillon «Miotla» au cimetière militaire de «Powazki». Il s’est activement engagé dans le Club des chevaliers de l’ordre militaire Virtuti Militari.
Lieutenant-colonel en retraite, Czeslaw Zaborowski dans son appartement à Varsovie (13/02/2004, photo Sz. Nowak)
Czeslaw Zaborowski est passé à Powisle Czerniakowskie avec le bataillon «Miotla» dans la nuit du 3 au 4 ou 4 au 5 septembre. Au début du séjour à Czerniakow, dans le cadre de la réorganisation des sous-unités, un groupe de démineurs a été crée pour le capitaine «Zgoda» sous le commandement du lieutenant «Samarak». Le supérieur direct de Cz. Zaborowski a été le sergent «Slepowron».
Dans la soirée, après l’hébergement au 12 rue Wilanowska, le groupe de démineurs a été dirigé afin de déterrer des personnes au 3c ou 3d, rue Okrag. Ensuite les soldats ont fait une coupure au 5 rue Okrag (l’angle de la rue Ludna). Afin de faire face à la faim, «Cesiek-Lalka» accompagné de ses collègues allaient le soir aux potagers au bord de la Vistule. Ils amenaient de là-bas des patates, des tomates, des choux fleurs et des choux.
Pendant la première expédition «Blyskawica» - Tadeusz Bednarek a attaqué avec une grenade le poste allemand. Dans la journée du 13/09/1944, la brigade a été chargée de creuser un fossé de liaison entre 14 et 18 rue Wilanowska. A cause d’un feu nourri, pas plus de 3 personnes pouvaient travailler dans une position inclinée. Un soldat a été mort à cause de l’explosion d’une grenade et trois ont été blessés dont Cz. Zaborowski.
A ce moment, la zone défendue par les Polonais diminuait rapidement et on avait l’impression qu’il n’y avait plus de défenseurs. A la fin, les combats ont atteint la chambrée de la brigade de Cz. Zaborowski au 12 rue Wilanowska. Le bâtiment a été préparé à la défense- les sacs de sable ont été empilés dans les fenêtres au rez de chaussée afin de créer les meurtrières. Les premières attaques d’Allemands ont été repoussées.
L’information est arrivée aux insurgés combattants que l’Armée polonaise allait atterrir dans la nuit afin d’aider Varsovie. Czeslaw Zaborowski se souvient: «Le matin nous avons reçu un remplacement et nous nous sommes retirés dans les cages d’escalier donnant sur la façade au numéros 12 et 14. Là-bas, je me souviens, une agent de liaison est arrivée avec un rapport, que cette nuit l’Armée polonaise allait atterrir afin d’’aider Varsovie.Elle nous a même distribué un peu de bonbons qu’elle avait dans sa musette. Il y a eu une joie incroyable, enfin nous allons avoir de quoi nous battre (...) Elle a sauté dans la rue et n’a pas eu de temps de la traverser pour prévenir les autres, mais presque sous nos yeux elle est tombée de son long, en recevant un tir meurtrier. Presque tout le monde a pleuré».
Après la traversée des soldats de l’Armée de Berling, l’espoir initial a été accompagné de la surprise causée par le grand nombre d’hommes de Berling blessés. Il s’est avéré que ces soldats n’ont pas été formés pour les combats de ville et cela se voyait dans les combats à la tête de pont czerniakowski.
Après le retrait du bâtiment au 12 rue Wilanowska, la brigade de Czeslaw Zaborowski a défendu la maison au 5 et 5a rue Wilanowska. Ici, «Cesiek-Lalka» a été nommé par le commandant du peloton comme chargé des munitions à la mitrailleuse berlingowiec. Les innombrables attaques des fantassins allemands avec les chars ont été repoussées. Une grande aide dans le maintien des positions des insurgés a été donnée par l’artillerie sur l’autre rive de la Vistule tirant droit le feu.
Après le retrait de la brigade restante sous le commandement de «Blyskawica», le suivant et le dernier point de résistance a été au 53 rue Solec. L’insurgé «Lalka» se souvient: «Le matin le 23 (probablement il s’agit du cessez-le-feu le 23 septembre au matin) il y a eu un silence inquiétant, tout le monde était surpris de ce qui s’est passé, «Blyskawica» a expliqué, qu’il y avait une délégation chez les Allemands et il y a eu le cessez-le-feu. En effet, quelques temps après, nous avons vu les civils, les hommes de Berling, blessés portés sur une porte, marchant dans la rue Solec et tournant dans la rue Wilanowska. Je me souviens que dans notre chambrée une vielle dame y habitant ou séjournant, m’a offert un livret de messe et m’a demandé de prier pour elle, car elle n’allait pas survivre. Je lui ai remercié, elle m’a embrassé et est allée à l’aide d’une canne jusqu’à la colonne. Quand j’ai regardé cette colonne progressant lentement, j’ai été étonné, qu’il y ait autant de monde et de soldats. Où étaient-ils (...) Pendant que les gens et l’armée quittaient la zone des combats, ou plutôt une parcelle où les combats se sont déroulés. Ils représentaient une image horrible, beaucoup de pleurs et de lamentations, ils marchaient lentement comme derrière un corbillard. Un adieu étrange à ces murs. Surement quelques-uns y ont été liés, maintenant ils s’en vont comme les errants dans l’inconnu».
Les Allemands en profitant de la confusion, malgré le cessez-le-feu, ont essayé de surprendre les défenseurs au 53 rue Solec, mais en vain.
A la cérémonie du dévoilement du rocher commémoratif au rond point «Radoslaw» lieutenant-colonel Czeslaw Zaborowski fait son discours- incitateur du monument (Le 10/08/2010)
En raison du message suivant: dans la nuit il y aura, à coup sûr, l’évacuation et l’arrivée des bateaux, le groupe est allé près de la Vistule. Mais l’aide n’est pas arrivée, par conséquent «Blyskawica» a décidé d’aller sur le bateau «Bajka» à moitié coulé.
Czeslaw Zaborowski rapporte: «Nous étions à peu près 10 quand nous sommes allés sur le «Bajka». Les gens ont essayé de flotter sur ce qu’ils pouvaient pour atteindre Praga. Les Allemands tiraient les grenades sur la Vistule, c’était une pluie de grenades, à chaque moment une explosion et puis une fontaine vers le haut. Il a commencé à faire un peu plus clair, j’ai pris un poteau avec «Blyskawica» et nous avons commencé à nager, la pluie de grenades et les tirs des mitrailleuses faisaient tomber les tourelles du viaduc Poniatowski.Nous avons commencé à avoir des crampes, nous sommes rentrés, le poteau m’a amené vers «Bajka». Si les hommes de Berling ne m’avaient pas rattrapé, je me serais surement noyé. Je n’ai trouvé ni vêtements, ni chaussures, il a fallut déshabiller un mort en manteau militaire, j’ai trouvé une place sur le gouvernail, c’est à dire que nous avons posé des planches et en étant assis nous pouvions nous reposer. A bord du bateau, il y avait des blessés, ils gémissaient, c’était une vue horrible». Selon Cz. Zaborowski à ce moment sur le bateau il y avait environ 50 personnes, entre autres un sous-lieutenant de Berling. En plus, les radios étaient hors service ainsi que beaucoup d’armes et de munitions. Les morts ont été laissés sur l’eau. L’alimentation a été trouvée vers rue Zagorna, de l’eau à boire, il y en avait assez dans la Vistule. Mais, il valait mieux la puiser devant le «Bajka».
Les souvenirs des derniers jours du soldat «Miotla»: «Le soir, un canot est arrivé vers «Bajka», à son bord un aspirant, un sergent et un démineur qui sont venus chercher le major Latyszonek. Mais personne de nous ne savait ce qui lui était arrivé - ils avaient ordre de le ramener mort ou vivant à Praga. Nous leurs avions fait savoir qu’il avait été vu la dernière fois au 1 rue Wilanowska. Ils sont allés le chercher et nous ne les avons plus vus. (...) Toutes les trois nuits, une chaloupe venait vers le «Bajka» en prenant deux blessés, à chaque fois ils prenaient des nouvelles des hommes de Berling ramenés et du major Latyszonek.»
Une partie des personnes, environ 10, essayait de traverser la Vistule par les travées du pont Poniatowski explosé. Mais, les Allemands ont commencé à tirer sur eux avec les mitrailleuses et les lance-grenades. Peu de gens ont réussi à traverser la Vistule de cette manière. Czeslaw Zaborowski se souvient: «Il est 2h10, il faisait nuit, les trois civils avec les bras levés sont venus sur le«Bajka», l’officier de service les a arrêtés et ensuite les a emmenés vers le sous- lieutenant que nous prenions pour le commandant. Ils nous ont dit qu’ils étaient Polonais et qu’ils travaillaient chez les Allemands dans l’enterrement des morts et dans le creusement des fortifications. Ils ont dit qu’ils étaient envoyés par les Allemands afin que nous nous rendions et que dans une demie heure le «Bajka» allait être bombardé, que nous n’allions rien gagner, que toute la Varsovie s’est rendue, que nous allions être bien traités, que tout le «Bajka» est encerclé. Le sous-lieutenant a fait un briefing, personne ne voulait parler en premier, enfin les personnes âgées ont pris la parole et ont dit que dans cette situation notre défense était sans espoir et qu’il fallait se rendre. Personne n’avait l’intention de s’y opposer».
Les soldats et les insurgés se trouvant sur le «Bajka» ont été capturés seulement le 2 octobre 1944.
P.S.
Durant le recueil des documents pour mon mémoire «La tête de pont czerniakowski et ses soldats», soutenu en 2005 sous la direction du professeur docteur agrégé Tadeusz Rawski, j’ai personnellement fait la connaissance du groupe des anciens insurgés et soldats de la 1ère Armée polonaise participant dans les combats de haut Czerniakow durant l’Insurrection de Varsovie en 1944.
J’ai décidé d’approcher leurs sorts aux lecteurs du site Internet de l’Association du mémoire de l’Insurrection de Varsovie 1944. Ils témoignent de ces temps durs et complexes qu’étaient la participation des patriotes polonais combattant pour la libération de notre patrie et de la violence de l’occupant nazie. C’est aussi probablement le seul cas de la coopération des combats entre les soldats de l’Armée polonaise, les insurgés de Varsovie et les soldats de l’Armée polonaise du général Berling.
Au début de l’année 2011, la maison d’édition Infoeditions prévoit l’édition de mon travail «La tête de pont czerniakowski 1944».
Les photos viennent de la collection de l’auteur, de Mme Janina Wolanin, né Blaszczak, de Mme Marie Stypulkowska-Chojecka, de M. Tadeusz Targonski et M. Czeslaw Zaborowski.
élaboration: Szymon Nowak
rédaction: Maciej Janaszek-Seydlitz
traduction: Justyna Domanska
Bibliographie:
1. Baczko Henryk "8 dni na lewym brzegu", Warszawa 1946;
2. Ciosk Anna "Janina Wolanin. Honorowy Obywatel miasta Zielona Góra", "Pionierzy" czasopismo społeczno-historyczne, Zielona Góra grudzień 2003;
3. Grigo Tadeusz "Powisle Czerniakowskie", Warszawa 1989;
4. Kaczyńska Danuta "Dziewczęta z Parasola", Warszawa 1993;
5. Komornicki Stanisław "Na barykadach Warszawy", Warszawa 1981;
6. Komornicki Stanisław "W pułapce losu", Warszawa 2004;
7. Margules Józef "Przyczółki Warszawskie", Warszawa 1962;
8. Niżyński Leszek "Batalion Miotła", Warszawa 1992;
9. Sieczkowska Agnieszka "Za żywota byłem w piekle. 59 rocznica upadku powstańczej Wytwórni", "Życie Wytwórni" Tygodnik Polskiej Wytwórni Papierów Warto¶ciowych S.A., Nr 32, 28 sierpnia 2003;
10. Stypułkowska-Chojecka Maria "Kama" Wspomnienia, spisane przez autora w dniu 17.04.2005;
11. Targoński Tadeusz "Kresowiak na Czerniakowie", "Gazeta Wyborcza Stołeczna", 21 wrze¶nia 2004;
12. Targoński Tadeusz Wspomnienia, maszynopis i rękopis;
13. Wolski Andrzej "Jur" Wspomnienia z Czerniakowa, http://wilk.wpk.p.lodz.pl/~whatfor/wspom_wolski_jur_czer1.htm;
14. Zaborowski Czesław Wspomnienia, rękopis;
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