"Petit PAST" c’est l’appelation familière du siège de L’Office des Téléphones Locaux de la Société par Action de Téléphonie Polonaise (Polska Akcyjna Spolka Telefoniczna), situé au no19, rue Pie XI, actuellement 19, rue Piękna dans le Centre- Ville Sud. Il était composé d’un bâtiment principal et d’une cour entourée de dépendances:
- la dépendance sud qui se trouvait près des locaux de l’ancienne ambassade allemande, détruits et brûlés en 1939, au 17, rue Pie XI. Le bâtiment abritait une centrale téléphonique,
- la dépendance ouest, par son côté court elle était adjacente au bâtiment principal tandis que le côté mur pignon, plus long, la reliait à une autre dépendance, plus élevée, située au 21, rue Pie XI, ou étaient déployés les insurgés,
- La dépendance arrière sud avec son mur haut de 3 mètres qui fermait la cour de "Petit PAST",
- Complexe d’écuries, de garages, de hangars dont la localisation exacte n’est plus possible.
A l’angle de la dépendance sud de “Petit PAST”, il y avait une fenêtre servant de poste d’observation aux Allemands. Du côté du mur pignon, se trouvait un haut bâtiment attenant avec le mur arrière aveugle, en partie détruit, et qui faisait partie d’une propriété voisine, située rue Koszykowa, contrôlée par les Insurgés.
Du côté de la rue Pie XI, le bâtiment principal ressemblait à ce qu’il est aujourd’hui. A gauche, se trouvait un portail menant dans la cour et à côté – un bunker en béton. A droite du bâtiment se trouvait la porte d’entrée. Le bâtiment voisin au 21, rue Pie XI était complètement différent. Aujourd’hui, il constitue un prolongement du bâtiment principal de Petit PAST et les deux forment un complexe homogène. En 1944, le bâtiment était un peu en retrait et découvrait une partie du mur pignon du bâtiment principal de Petit PAST, ce qui était le résultat des destructions causées par les raids aériens allemands en 1939. Ce bâtiment était en partie attenant à la dépendance ouest. Rue Pie XI était, à cet endroit, beaucoup plus étroite qu’actuellement, grâce à quoi la nuit la devanture du bâtiment était toujours plongée dans le noir. Les insurgés avaient du mal à observer les Allemands situés de l’autre côté de la rue.
"Petit PAST" constituait une menace constante pour les insurgés et pour la population civile. Toute la rue Pie XI et aussi une partie des rues Krucza, Mokotowska et Aleje Ujazdowskie se trouvaient ainsi dans le rayon de tir des armes automatiques allemandes. En tant que point isolé de la résistance allemande sur le territoire contrôlé par les Polonais, le bâtiment de Petit PAST concentrait d’importantes forces insurgées. Cependant, il se trouvait non loin des positions allemandes dans un quartier de la police et pouvait compter sur des renforts du siège de la gestapo dans Aleja Szucha (actuellement Ministère de l’Education Nationale et du Sport).
Le 1er août 1944, lorsqu’a éclaté l’Insurrection de Varsovie, les combats ont commencé également dans le Centre-ville sud. La compagnie 24 du lieutenant Mieczyslaw Fajecki (« Kwiatkowski ») du 3e bataillon W.S.O.P. [W.S.O.P. Wojskowa Sluzba Ochrony Powstania – Service Militaire pour la Protection de l’Insurrection] de l’Armée de l’Intérieur ‘Narew’, commandé par le capitaine Zygmunt Netzer ("Kryska"), se préparait à prendre Petit PAST depuis le printemps 1944. La compagnie était stationnée au lycée de Z. Woloska au 28, rue Pie XI. Vers 16h40, dans l’entrée du bâtiment de la Station des Téléphones, environ 20 soldats allemands se sont groupés pour observer en écoutant les tirs de plus en plus forts du côté du centre de la capitale. A 17h00 pile, quelques insurgés ont lancé des grenades en direction des Allemands. Ceux-ci se sont immédiatement réfugiés à l’intérieur du bâtiment et peu après ils y ont emmené également deux blessés en barricadant la porte. Il s’en est suivi un échange de feux qui a coûté la vie au sapeur "Mazur", décédé le lendemain des suites de ses blessures. Dans la nuit, le 3e peloton de la compagnie, armé de quelques pistolets, a essayé de pénétrer à l’arrière de Petit PAST du côté de la rue Koszykowa. Les Allemands ont répondu par des tirs violents des armes automatiques en forçant les insurgés à se replier. Les assauts suivants ont été menés par les soldats du VIIe Groupement ‘Ruczaj’.
L’attaque suivante, le 3 août, a été menée entre autres par la compagnie de blindage du commandant de la 2e Zone, le rittmeister "Litwin", commandée par le capitaine Stanisław Kulczycki ("Sas"). L’assaut mené par le lieutenant Juliusz Loskoczynski ("Serafin") par une brèche, en direction du mur ouest du bâtiment, s’est soldé par un fiasco. Ce jour-là, à 8h00, trois chars allemands ont réussi à se frayer le passage vers Petit PAST. Les Allemands, sûrs d’eux et cachés sous les blindages des chars, se sont laissé surprendre par les insurgés. L’unité du cadet caporal Jerzy Szuster ("Jura") les a bombardé de grenades et de bouteilles d’essence. Tous les trois chars se sont enflammés au milieu de la chaussée, rue Pie XI.
Le 4 août, les insurgés ont à nouveau mené l’assaut sur Petit PAST, lors de l’assaut meurt le tireur Lech Czarnecki ("Lech") en essayant de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Ce jour-là également les chars allemands ont tenté de passer devant le bâtiment de Petit PAST. Ils ont été arrêtés par une attaque massive aux grenades et aux bouteilles d’essence et se sont repliés vers Aleje Ujazdowskie.
Le 5 août a eu lieu un autre assaut sur la centrale. Le capitaine Zbigniew Lewandowski ("Iza"), sapeur du commandement de la Zone 2 a également participé aux combats à Petit PAST.
Il se souvient: "Grâce au plastique, nous avons réussi à ouvrir une brèche dans la paroi latérale du bâtiment (du côté de l’immeuble voisin), à hauteur du 3e étage. Nous avons même pénétré à l’intérieur du bâtiment par cette brèche, mais les Allemands ne se sont pas laissés surprendre – ils nous ont accueill avec des grenades et le feu des mitraillettes. Un jeune cadet qui nous accompagnait a été abattu, alors que moi et deux autres tireurs nous avons été littéralement soufflés par la meme brèche par l’explosion des grenades. Les deux tireurs ont été légerement blessés, moi heureusement je n’ai pas été blessé, seulement fortement meurtri. Nous avons encore essayé de brûler le bâtiment de ‘PAST’ en lançant par la brèche des bouteilles remplies d’essence – mais une fois que l’ameublement de la pièce où les bouteilles ont atterri a brûlé, le feu s’est éteint – car le sol était en béton. Bientôt, les Allemands ont fortement barricadé la brèche."
Lors de l’assaut manqué, 4 insurgés et l’infirmière "Izabella” ont été tués suite aux tirs allemands de Petit PAST, au total 5 personnes. Le 8 août, les insurgés ont essayé de surprendre les Allemands d’un autre côté. Le plan prévoyait que l’assaut serait donné après l’ouverture d’un trou dans le toit du bâtiment. Par là, en passant par les combles, les Polonais prévoyaient de pénétrer dans Petit PAST. Un groupe d’insurgés avec une mine pour pratiquer l’ouverture s’est retrouvé sur le toit de l’immeuble voisin. Malheureusement, les Allemands étaient immanquablement vigilents, ils ont tiré et une balle de fusil mitrailleur a percuté le détonnateur de la mine. L’explosion a déchiqueté le sapeur, 2 autres insurgés ont été tués. Une nouvelle attaque, le soir du 10 août, n’a pas non plus réussi. Toutefois, on a pu détruire l’un des deux bunkers devant l’immeuble tandis que le rez-de-chaussé ainsi que le troisième étage de la « forteresse » allemande ont été fortement endommagés.
Un insurgé tué lors de l’attaque.
Durant les combats devant Petit PAST, le 5 août vers 10h00 du matin, les Allemands d’Aleja Szucha ont organisé des renforts pour l’équipage allemand encerclé par les insurgés. Du bâtiment de la Gestapo est partie une colonne de 4 chars Panther et un important groupe de soldats. Les Allemands ont utilisé les femmes polonaises pour protéger leurs chars. Certaines, par groupes de 3 à 5, étaient assises sur les chars, les autres marchaient à côté mélangées aux soldats allemands dont plusieurs avaient mis des fichus et des manteaux de femme. Les femmes avaient été sélectionnées parmi les prisonnières de la gestapo dans Aleja Szucha ou arrêtées dans les maisons rue Chocimska et Koszykowa d’où elles ont été emmenées avec les hommes. Tous les hommes ont été fusillés par les Allemands et les femmes ont servi à former un bouclier humain pour les chars.
Avant le départ de la colonne, l’officier allemand les a informées qu’elles allaient partir ramasser des soldats tués et blessés dans le bâtiment de la centrale téléphonique pour les transporter du côté allemand. La colonne est partie d’Aleja Szucha en direction d’Aleje Ujazdowskie, puis a tourné dans la rue Pie XI près des positions allemandes fortifiées. Il y avait environ 700 femmes dans le convoi. Lorsque les premières d’entre elles arrivaient à la barricade au niveau des numéros 7 à 16, rue Pie XI, les dernières n’étaient pas encore rentrées dans la rue. Seulement deux chars entourés de femmes sont entrés dans la rue en avancant à 40 mètres d’intervalle.
Alerté par l’information sur l’attaque des chars, le commandant de la compagnie "Habdank" du Groupement "Ruczaj" est arrivé en courant rue Pie XI et il a personnellement dirigé la défense. Au niveau de la barricade se trouvait l’unité du cadet caporal Jerzy Szuster ("Jur"), au premier étage de l’un des immeubles du côté impair de la rue Pie XI. Lorsque la colonne allemande s’est approchée, Jur s’est mis à crier aux femmes: "Sauvez-vous derrière la barricade". Les femmes se sont précipitées en rasant les murs des maisons et derrière la barricade en laissant à découvert les Allemands qui se trouvaient au milieu de la chaussée. Les deux chars ont été couverts de grenades et de bouteilles incendiaires.
Tout d’un coup, les chars se sont mis à mitrailler les maisons à hauteur du premier et deuxième étage où étaient positionnés les insurgés. Les Allemands ont cependant décidé de ne pas forcer la barricade et ils ont commencé à se replier 30 mètres avant. Les chars en fumée, tout en tirant, ont commencé à se retirer en direction d’ Aleje Ujazdowskie en emmenant les femmes derrière. Une partie d’entre elles ont été tuées ou blessées par les balles allemandes en tentant de fuir. Plusieurs Allemands, déguisés en femmes, se sont repliés rapidement avec les chars.
Suite à l’attaque allemande, seulement 2 insurgés sont morts tandis que les deux chars allemands ont été endommagés. Les chars Panther ont réussi à se retirer malgré les dommages car ils étaient équipés de dispositifs automatiques pour l’extinction des incendies, grâce à quoi les moteurs des chars n’ont pas pris feu.
Le 10 août, encore une fois les Allemands ont tenté de venir à la rescousse de l’équipage retranché rue Pie XI. L’offensive de l’infanterie et des chars, précédée d’un fort bomardement du Centre-ville sud, a été repoussée par les insurgés.
Dans la nuit du 18 au 19 août, les Allemands ont entrepris une ultime tentative de secours à l’equipage de Petit PAST. L’infanterie allemande attaquait du côté d’Aleje Ujazdowskie, en même temps vers les rues Koszykowa, Chopina et Pie XI. Mais les Allemands n’ont pas réussi à surprendre les insurgés. Dans les alentours de la rue Koszykowa, les Allemands ont a plusieurs reprises lancé l’assaut mais ils ont essuyé le feu d’armes légères et de mitrailleuses. Les insurgés, cachés aux étages supérieurs et sur les toits des bâtiments alentours, ont lancé des grenades sur les Allemands des deux côtés de la rue. Finalement, les Allemands ont abandonné la lutte et se sont repliés. Petit PAST était toujours entouré par les insurgés et le bâtiment était devenu pour les Allemands un piège sans issue.
Depuis le 5 août, l’ensemble des bâtiments de Petit PAST était entouré par un peu plus de 60 soldats faiblement armés qui patrouillaient la rue Pie XI entre rue Marszalkowska et rue Krucza et observaient aussi l’arrière de Petit PAST du côté de la rue Koszykowa, ainsi que la barricade à la jonction des rues Pie XI et Marszalkowska. Une trentaine de soldats de ce groupe se sont concentrés sur le terrain devant Petit PAST ce qui ne permettait plus contrôler toutes les entrées du bâtiment dans la rue. La nuit, des soldats allemands isolés sortaient dans la rue Pie XI en cherchant une faille dans la défense polonaise à travers laquelle ils pourraient échapper au siège. Ils s’avancaient en silence jusqu’aux positions polonaises et lancaient des grenades sur les insurgés. Les insurgés, exposés au manque chronique de munitions et de grenades, ne répondaient pas par le feu.
Bien des années plus tard, Mieczysław Ćwikowski a décrit les escarmouches avec les Allemands devant Petit PAST: "J’ai essayé de déterminer par où les Allemands quittaient le bâtiment de Petit PAST la nuit pour sortir dans la rue Pie XI mais je n’y suis pas arrivé. Un jour les gars ont lancé une grenade à un allemand errant dans la rue. Il rentrait en pleurant de son escapade, du côté de la rue Krucza, en appelant : "Ich bin krank". On a laissé la vie sauve au blessé mais il faisait tellement sombre devant le bâtiment principal que de l’autre côté de la rue je n’étais pas en mesure de remarquer comment il s’est introduit à l’intérieur – par le portail, ou par la porte d’entrée ou peut-être par une échelle de corde sur le mur à côté de la centrale téléphonique. Cette information nous aurait bien servi lors de l’assaut plannifié contre Petit PAST".
Les Allemands ont renforcé tous les étages du bâtiment principal, le portail a été bloqué par des chevalets avec des barbelés. A l’entrée se trouvait un bunker en béton couvert de sacs de sable. Pour empêcher l’incendie du bâtiment, les soldats Allemands ont sorti les meubles de toutes les pièces du front, ils ont enlevé les cadres et les appuis des fenêtres et ont recouvert les sols d’une couche de sable épaisse.
Les insurgés pouvaient attaquer Petit PAST de trois côtés – par devant, du côté de la rue Pie XI, par derrière, du côté du mur séparant la cour de Petit PAST de la cour voisine rue Koszykowa, mais également du côté ouest de l’immeuble situé 21, rue Pie XI contrôlé par les unités insurgées. Les Polonais ont décidé de mener une attaque décisive contre le point de résistance allemand planté comme une écharde au milieu du terrain contrôlé par les insurgés. La date de l’assaut sur Petit PAST a été arrêtée pour la nuit du 21 au 22 août. On a nommé commandant de l’assaut le capitaine Franciszek Malik ("Piorun"). Les préparations à l’attaque ont duré 3 jours.
Etat-major de la Zone II Centre Ville avant l’attaque de Petit PAST
Les unités suivantes ont prit part à l’assaut: l’unité d’assaut commandée par le sous lieutenant Tadeusz Kuliczkowski ("Stojewicz") avec une équipe de sapeurs de la 33 compagnie du Ve Groupement du lieutenant Roman Rozalowski ("Siekiera"), l’unité d’assaut du sous-lieutenant Wladysław Jarczewski ("Nalecz") de la compagnie "Habdank", l’unité d’assaut du sous-lieutenant Jozef Falandysz ("Chmara") de la compagnie "Lodecki", le peloton du sous-lieutenant "Zbigniew" de la compagnie "Tadeusz", le peloton de la compagnie "Kosma" du chef de peloton cadet Wladyslaw Mikulski ("Miki") et une réserve détachée de la compagnie "Habdank" du sous-lieutenant Jerzy Gebski "Porecz", qui devait attaquer derrière l’unité du sous-lieutenant "Stojewicz". Le peloton 150 de la 5e compagnie du Bataillon Blindé "Golski", commandé par le sous-lieutenant Henryk Rusinowski ("Huragan") contrôlait la barricade à la jonction des rues Pie XI et Marszalkowska. L’unité avait pour mission de sécuriser de ce côté les autres unités d’assaut et couper éventuellement le chemin du retour aux Allemands qui essaieraient d’échapper à l’encerclement par cet endroit. Finalement les unités du bataillon "Ruczaj", "Golski" et du Ve Groupement du lieutenant "Siekiera" ont participé à l’assaut.
Le plan prévoyait l’attaque sur Petit PAST du côté ouest et de front. L’assaut par l’ouest du bâtiment 21, rue Pie XI devait être mené par deux brèches réalisées par les sapeurs au début de l’attaque. L’unité du sous-lieutenant "Stojewicz" devait attaquer le dernier étage de la dépendance ouest de Petit PAST par la brèche réalisée au niveau du grenier, devait suivre ensuite l’unité de réserve du sous-lieutenant "Porecz". Par contre au niveau du 1er étage de la dépendance ouest de Petit PAST, on a lancé l’unité du sous-lieutenant "Nałęcz" qui devait attaquer l’aile ennemie dans le bâtiment principal. Après avoir donné l’assaut du côté ouest, l’unité du sous-lieutenant "Chmara" devait attaquer le portail du côté de la rue Pie XI en profitant de la confusion au sein de l’équipage allemand. En cas d’échec de l’assaut, on a prévu d’arroser le devant du bâtiment à l’aide d’une motopompe à essence.
Dans la nuit du 21 au 22 août, à 2h45, les unités prêtes à l’attaque ont commencé à se déployer. Sur le toit, on a coupé les câbles téléphoniques et électriques. A 4h15, les sapeurs ont détonné les explosifs placés à l’ouest, à l’endroit de l’assaut. Malheureusement la brèche obtenue dans l’angle du toit suite à l’explosion était tellement étroite que les soldats devaient se faufiler un par un. Le premier à pénétrer dans le bâtiment de Petit PAST était le sous-lieutenant "Stojewicz" qui a été immediatement grièvement blessé. Deux autres insurgés attaquant avec lui ont été tués. Les Allemands ont ouvert un feu massif sur la brèche en empêchant la poursuite de l’attaque polonaise.
Pendant ce temps, à hauteur du 1er étage l’attaque était donnée par l’unité du sous-lieutenant "Nałęcz", qui disposait d’une brèche de 1,5 m de diamètre. Avant qu’on ait pu dégager l’accès à la brèche, les insurgés pénétrant à l’étage ont été atteints par les grenades lancées par les Allemands. Les sapeurs, équipés de deux lance-flammes, cachés derrière un mur de feu, ont commencé l’attaque en dirigeant les flammes sur un long couloir plein d’Allemands.
Lance-flammes rentre en action
Malheureusement, le feu des lance-flammes de 50 mètres de portée s’est éteint. Les Allemands s’en sont rapidement apperçus et ont commencé à tirer sur la brèche. Les insurgés répondaient par des tirs et des grenades. L’attaque de ce côté là s’est également soldée par un échec car les Allemands, cachés par le feu, on barricadé la brèche à l’aide d’armoires en métal. Vers 7h00, les Polonais ont démarré un incendie dans la dépendance ouest de Petit PAST à l’aide de lance-flammes et de bouteilles incendiaires. Lors d’échanges de feu le tireur Jerzy Wozniak ("Kaktus") a été tué. Suite à l’échec des attaques latérales, l’assaut frontal de Petit PAST n’a pas eu lieu.
Les insurgés ont placé un haut-parleur en face du bâtiment. Ils ont émis en allemand un appel à se rendre, expliquant qu’il était inutile de résister. Pour toute réponse il y a eu des tirs de mitraillettes.
Vers 9h00 du matin, le capitaine "Piorun" a donné l’ordre d’utiliser la motopompe. Les Allemands ont cependant déjoué l’attaque. D’abord un tireur d’élite allemand a percé la buse de la pompe – un segment du tuyau de 3 à 4 centimètres, puis le soldat qui opérait la buse a été blessé à la tête. Une fois réparée, la buse a été de nouveau endommagée par les Allemands. Après une nouvelle réparation, on a finalement arrosé d’un jet d’essence le front du bâtiment principal.
Arrosage du bâtiment avec de l’essence
Lors des tirs allemands, les insurgés ont lancé sur le bâtiment des grenades et des bouteilles incendiaires de l’autre côté de la rue, ce qui a causé un important incendie chez les Allemands. Le bâtiment s’est enflammé et le feu a dévoré deux étages. Malheureusement, un autre tir a percé la buse et la motopompe a cessé de fonctionner. Peu après, l’incendie s’est éteint mais la dépendance ouest était toujours en flammes. Les insurgés n’étaient pas en mesure de forcer les Allemands du bâtiment de Petit PAST à capituler. Après midi, les Allemands ont sorti un drapeau jaune, en signe d’ultime danger et ils ont déployé sur le toit un grand tissu avec la svastika. Il a été aperçu par un avion allemand qui s’est approché et s’est mis à tourner en rond au-dessus de la dépendance en feu.
Un parc de voitures en feu derrière une propriété
A 18h00, les Allemands ont mené une attaque pour essayer d’atteindre l’équipage encerclé de Petit PAST. Les unités de la police et la compagnie ukrainienne, épaulées de deux chars, ont attaqué les rues Chopin et Pie XI mais les insurgés ont repoussé l’attaque. L’infanterie allemande, appuyée par un char Panther, a également attaqué rue Koszykowa. Un tir d’arme antichar du cadet Jerzy Przezdziecki ("Rymwid") a endommagé le char. L’infanterie a essuyé des grenades et a été forcée à se replier. Les Allemands on subi de lourdes pertes.
Un gendarme abattu par les insurgés, écrasé par un char allemand après la mort
Dans la soirée du 22 août, le commandant allemand de Petit PAST, SS-man lieutenant Jung a commencé les pertractation avec le capitaine "Piorun". Le lieutenant Jung voulait que les insurgés autorisent l’évacuation de l’unité allemande avec les armes vers la Gare Centrale. Le capitaine "Piorun" a déclaré à l’émissaire allemand qu’il exigeait un dépôt d’armes immédiat et une capitulation sans conditions. Les négociations ont été interrompues. Sous le couvert de la nuit, le capitaine "Piorun" a fait venir une autre motopompe et a prévu de donner un autre assaut le 23 août à 4h00 du matin.
Vers 2h20 du matin, les Allemands ont commencé imperceptiblement à quitter le bâtiment. La nuit était sombre et il s’était mis à pleuvoir. La fuite des Allemands a été remarquée par les insurgés. L’une des unités du bataillon "Ruczaj" commandée par le lieutenant "Zbigniew" a pénétré à l’intérieur du bâtiment en capturant 23 Allemands et en libérant 22 otages. La suivante à pénétrer par le portail dans Petit PAST a été l’unité du sous-lieutenant "Huragan" du bataillon "Golski".
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Combats pour Petit PAST
Elle a capturé 5 Allemands et a libéré 5 employés techniques polonais arrêtés par les Allemands le 1er août. Cette unité a récupéré 4 mitrailleuses du type "Zbrojowka", 10 fusils, et un important stock de munitions. La troisième unité a capturé 11 Allemands lors de leur fuite, un seul Allemand a réussi à s’échapper. Au petit matin, la patrouiille du sous-lieutenant "Nałęcz" est rentrée dans Petit PAST. "Nalecz" est monté dans le grenier pour regarder les posts de combats de la veille du côté ennemi.
Etendus au sol se trouvaient les corps du sous-lieutenant "Stojewicz" et de ses deux soldats. "Stojewicz" devait avoir été grièvement blessé, il avait des plaies déchiquetée au ventre. Il se trouvait à côté des soldats tués, vêtu seulement de pantalon, pieds nus, avec du linge ensanglanté. Ils ont tous été dépouillés de leurs affaires personnelles. Le sous-lieutenant "Nałęcz" a enroulé les cadavres dans des draps et est descendu dans les garages où se trouvaient les corps des soldats allemands recouverts de chaux. Lors de la révision des prisonniers de guerre, on a retrouvé sur l’un d’eux le porte-feuille du sous-lieutenant "Stojewicz". L’Allemand, interrogé plus tard par les membres du Corps National de Sécurité, a déclaré que "Stojewicz" avait été torturé avant sa mort par le lieutenant Jung.
Les Allemands ont fuit le bâtiment en plusieurs groupes. La barricade à la jonction de rue Pie XI et de rue Krucza n’était pas contrôlée par les insurgés suite au tirs ennemis qui ont précédé, ce qui a grandement facilité la fuite aux Allemands.
Le tireur Jacek Szomanski ("Bolesta") de la compagnie "Tadeusz" du bataillon "Ruczaj" se souvient: "Nous nous sommes présentés à 13h00 au poste à côté de la barricade en travers de la rue Koszykowa, à l’angle de la rue Mokotowska. Il y avait, incorporé dans la barricade, un bunker construit avec des dalles et de sacs de sable (...). Comme équipement permanent il y avait une mitraillette (....). De plus, nous avions deux fusils, je ne quittais jamais celui que j’avait pris dans Aleje Jerozolimskie. Nous étions cinq au poste. (....) Avant la tombée de la nuit, une femme officier de liaison a apporté le mot de passe et nous avons posté une sentinelle armée d’un fusil à l’extérieur du bunquer. Vers 21h00, il a arrêté deux des nôtres en direction de la Place St Sauveur.(...) Une heure plus tard, donc vers 22h00, la sentinelle a vu quelqu’un arriver du côté de la rue Pie XI et cria : Halte ! Qui va là ? On lui a répondu: "Amis" – il devait y avoir plusieurs personnes. Il leur a dit de s’approcher et de donner le mot de passe. A ce moment précis nous nous sommes pris une pluie de balles de mitrailleuses du côté de la rue Chopin.(...) Je me suis levé et je me suis mis à tirer debout vers ceux qui approchaient. Les Allemands ne couraient pas mais ils marchaient, le plus proche n’était qu’à quelques mètres, je l’ai atteint au ventre mais il a avancé encore d’un pas ou deux, alors j’ai tiré une deuxième fois et il est tombé. Ceux qui le suivaient, se sont mis à terre, moi je me suis allongé dans le bunquer derrière un sac de sable formant le seuil et je tirais en direction des Allemands au sol (....) Je restais derrière le sac de sable et je tirais sur tout ce qui bougeait dans la rue Mokotowska et sur le trottoir d’en face. Un seul Allemand ripostait mais il a atteint le poutre au plafond de notre bunquer et les éclats m’ont blessé aux mollets. (....) Il s’était tout de même démasqué avec ce tir et j’ai pu le calmer.." les insurgés ont tué ici 5 Allemands en perdant 3 soldats. Pour sa bravoure, le tireur Jacek Szomanski ("Bolesta") a été décoré de la Croix de la Vaillance.
Le premier groupe d’Allemands en fuite a traversé la barricade rue Krucza en se faisant passer pour des insurgés. Le premier d’entre eux portait un bandeau blanc et rouge sur son casque. C’est probablement ainsi qu’a pu s’enfuire le commendant de Petit PAST, SS-man lieutenant Jung. Les groupes suivants, en quittant le bâtiment, couraient vers la rue Krucza en se couvrant et en jetant des grenades. Plusieurs d’entre eux ont été tués par les soldats du peloton 136 "Poczta", et les autres ont traversé la barricade et ont continué leur fuite en direction de la rue Mokotowska, Chopin et Koszykowa.
Les autres Allemands s’enfuyant par groupes de Petit PAST se sont éparpillés sur la Petite place à la jonction des rues Mokotowska, Krucza et pie XI. Sous le couvert des ténèbres, ils ont cherché par où poursuivre leur fuite. Le peloton du sous-lieutenant Jerzy Gebski ("Porecz") a encerclé les Allemands et les a forcés à se rendre alors qu’ils tentaient de résister. Durant la journée, les insurgés ont capturé d’autres groupes d’Allemands. Huit Allemands ont essayé de fuir en direction de la Place St Sauveur. Deux d’entre eux ont été abattus par le sergent "Szkapa" de la compagnie "Lodecki", bataillon "Ruczaj", mais lui-même a été grièvement blessé au cou. Les six Allemands restants ont traversé la barricade et ont atteint le poste allemand sur la Place St Sauveur.
Les prisonniers allemands ont déclaré que le 1er août dans Petit PAST il n’y avait que 75 foctionnaires de la poste. Après le début de l’insurrection, 8 sous-officiers et 1 officier de la Wehrmacht sont arrivés dans l’immeuble. Dans la nuit du 1er au 2 août, 1 officier SS et 32 simples soldats. Au final, l’équipage allemand de Petit PAST comptait 117 personnes. Les Alelmands disposaient de plus de 180 fusils et mitrailleuses, 250 grenades, 4 panzerfausts et 1 lance-roquette. Selon divers témoignages, 65 à 76 personnes ont été capturées, 18 à 21 Allemands ont été tués, environ 15 avec leur commandant, le lieutenant Jung ont pu sortir de l’encerclement et atteindre les positions allemandes.
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Les prisonniers allemands après l’attaque sur Petit PAST
Du côté polonais 25 insurgés ont été tués.
La prise de Petit PAST a été finalement un succès, après une longue lutte on a pu prendre un poste de résistance allemande.
evant le bâtiment
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Champ de bataille
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Char allemand détruit pendant les combats (Fiat M14/41 de production italienne)
Le commandant de l’assaut, le capitaine Franciszek Malik ("Piorun") a été décoré de l’Ordre Virtuti Militari de Ve Classe, le sous-lieutenant inéenieur Michał Tadeusz Slominski "Tadeusz Czarny" a reçu la Croix de la Vaillance et l’Ordre Virtuti Militari Ve Classe. De nombreux soldats du bataillon "Ruczaj" ont reçu des distinctions, entre autres le sous-lieutenant "Nalecz".17 le bâtiment de Petit PAST n’a été que peu endommagé en comparaison au bâtiment de PAST dans la rue Zielna.
Paysage après la bataille
Butin de guerre
Apres l’évacuation du Commandement Suprême de l’Armée de l’Intérieur du Centre- ville nord, le bâtiment de Petit PAST est devenu son dernier refuge avant la capitulation de l’insurrection. Le Commandement Suprême de l’Armée de l’Intérieur a souvent changé de siège. Il stationnait tour à tour, en fonction de l’évolution de la situation:
1 - 6 août 1944 dans l’usine Kamler, à l’angle des rues okopowa et Dzielna, quartier de Wola,
6 - 13 août à l’école au 6, rue Barokowa, Vieille Ville,
13 - 25 août dans le bâtiment du Ministère de la Justice 7, rue Długa, Vieille Ville,
26 août - 5 septembre dans le bâtiment de PKO (Caisse d’Epargne Polonaise) rue Swietokrzyska, à l’angle de rue Jasna, centre ville Nord,
A partir du 6 septembre 1944 dans le bâtiment de Petit PAST, 17, rue Pie XI, Centre ville sud.
Aujourd’hui dans le bâtiment de Petit PAST se trouve toujours une centrale téléphonique et une plaque commémorative consacrée à la prise du bâtiment par les insurgés a été murée à l’entrée.
élaboration: Adam Rozmysłowicz
rédaction: Maciej Janaszek-Seydlitz
traduction: Anna Riondet
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